Par Sinaseli TSHIBWABWA, Ph.D.
Deux arguments se confrontent sur les questions fondamentales des origines de tout ce qui existe. D’une part, l’argument de la création divine selon lequel les animaux et les plantes par exemple ont été créés par Dieu et d’autre part l’argument de la théorie de l’évolution selon lequel ces êtres vivants sont l’oeuvre du temps, de la mutation et de la sélection naturelle au hasard. La science créationniste relève que ces arguments sont tous deux fondés sur un acte de foi. Aucun d’entre eux ne peut prouver, selon des critères scientifiques, les processus qui se sont déroulés à l’origine de tout ce qui existe. À ce sujet, Nesbitt (1982) a fait remarquer que l’homme ne peut que se contenter de noter les faits, les traces laissées par le passé et les lois présentes.
La foi dans la création divine fondée sur la Bible s’accorde avec les faits et les traces du passé que nous observons et est conforme aux lois naturelles présentes. Par contre, la foi dans la théorie de l’évolution est fondée sur un très grand nombre d’hypothèses, non démontrables, en conflit permanent avec les faits et les lois naturelles présentes. Nous allons essayer de le démontrer à l’aide de deux petits exemples tirés de la vie des animaux parasites, généralement classés au bas de l’arbre phylogénique selon la classification évolutionniste, dont le mode de vie dépend d’autres êtres vivants pourtant apparus bien après eux dans l’échelle évolutive. Ces parasites résistent à toute explication de ce que Nesbitt (op. cit.) appelle la trinité surnaturelle d’une foi athée et transformiste, à savoir le temps, les mutations et la sélection naturelle.
Au cours de ma carrière de professeur de zoologie et d’anatomie comparée des Vertébrés, j’ai relevé que certains de ces animaux que l’on qualifie de moins évolués et que l’on place à la base de l’arbre phylogénique présentent généralement des cycles de reproduction plus ou moins complexes à tel point que j’en avais déduit une généralisation : « lorsqu’on a une structure organisationnelle simple, le cycle de reproduction est plus complexe ». C’est le cas desPlathelminthes ou Vers plats. Ils comprennent des vers parasites à un hôte et des parasites à deux hôtes (un hôte intermédiaire et un hôte définitif) tels que Fasciola hepatica ou la Grande Douve du foie et les différentes espèces de Schistosoma (mansoni, intercalatum et haematobium).
Que savons-nous du cycle de vie de ces animaux ? Les adultes mâles et femelles de Fasciola vivent enroulés en cornet dans les canaux biliaires de l’Homme et des Vertébrés Ruminants. Après accouplement, la femelle pond des cocons d’oeufs. Ces derniers sont entraînés par la bile jusque dans l’intestin et sont éliminés avec les excréments. Si les cocons tombent dans l’eau, leur couvercle (ou clapet) s’ouvre et libère des larves pourvues de cils appelées miracidium (100 à 150 µ). Ces derniers nagent librement dans l’eau à la recherche de leur hôte intermédiaire, un escargot du nom de Limnée (Limnea truncatula). Ils (les miracidium) pénètrent dans la cavité palléale (cavité respiratoire) de l’escargot et se transforment en une deuxième forme de larve dite sporocystes (500 µ). Ces sporocystes engendrent une troisième forme larvaire, les rédies (250 µ). Ces dernières percent la paroi des sporocystes, pénètrent dans le tissu conjonctif de la Limnée et arrivent dans son hépatopancréas, un organe qui cumule les fonctions du foie et du pancréas. Les rédies se nourrissent des cellules de l’hépatopancréas, grandissent et donnent naissance à une quatrième forme larvaire nommée cercaires (300 µ). Les cercaires sont pourvues d’une queue, elles quittent les rédies par l’orifice de ponte, perforent les tissus de la Limnée et gagnent l’eau où elles nagent activement à la recherche d’une plante sur laquelle elles peuvent se fixer. Si elles trouvent une plante, elles s’y fixent, perdent leur queue, sécrètent une coque protectrice. Cette nouvelle forme larvaire est appelée métacercaire. Les métacercaires attendent que la plante soit mangée par l’hôte définitif (l’Homme ou un Vertébré Ruminant, par exemple le mouton) pour continuer le cycle. En effet, si la plante est mangée, la coque protectrice est digérée par les sucs digestifs puis les métacercaires perforent la muqueuse intestinale de l’hôte définitif et tombent dans les vaisseaux sanguins. Elles gagnent les canaux biliaires où elles deviennent adultes au bout de six semaines. Le cycle est ainsi bouclé.
Notez la spécificité de l’hôte intermédiaire (la Limnée) et les nombreuses formes larvaires (cinq). Cette spécificité n’est pas propre au genre Fasciola. On la retrouve également chez Schistosoma, un autre ver plat qu’on trouve en Afrique. Ce dernier genre a trois espèces qui causent chacune une maladie spécifique chez l’homme. Schistosoma mansoni a comme hôte intermédiaire obligatoire un mollusque gastéropode du genre Planorbis, il cause chez l’Homme la bilharziose intestinale. Schistosoma intercalatum a comme hôte intermédiaire obligatoire un mollusque gastéropode du genre Physopsis, il cause la bilharziose rectale chez l’Homme. Schistosoma haematobium a comme hôte intermédiaire un autre mollusque gastéropode du genre Bullinus et cause chez l’Homme la bilharziose vésicale ou hématurie d’Égypte.
Comment ces deux organismes (Fasciola et Schistosoma) ont-ils pu réussir au cours de l’évolution à compliquer ainsi leur cycle de reproduction ? Quelles sont leurs étapes intermédiaires ? Quelles sont les étapes intermédiaires de l’évolution de leurs hôtes? Comment ces organismes dits moins évolués ont-ils pu synchroniser leur propre évolution avec celle des hôtes intermédiaires d’une part et, d’autre part, avec celle des hôtes définitifs ? Qui est apparu le premier, le parasite, l’hôte intermédiaire ou l’hôte définitif ? Selon la thèse évolutionniste, les vers sont apparus les premiers, ensuite les mollusques puis, bien plus tard, l’Homme. Dans ce cas, quel était le cycle de reproduction de l’ancêtre de Fasciola ou des ancêtres de différentes espèces de Schistosoma ? Ces différents ancêtres ont-ils dû attendre que l’évolution des mollusques engendre les genres qui devaient leur servir d’hôtes intermédiaires, et après que l’évolution produise de nombreux groupes animaux et enfin les Vertébrés et l’Homme ?
La thèse évolutionniste devient encore plus irréaliste quand nous considérons qu’en l’absence de l’un des hôtes ( la Limnée, le Mouton ou l’Homme), la Grande Douve du foie ne peut compléter son cycle de vie. Elle disparaîtrait tout simplement! Il en est de même pour les différentes espèces de Schistosoma. En l’absence de Bullinus, Physopsis, Planorbis ou de l’Homme, chacune de ces espèces disparaîtrait. Ce qu’il faut aussi admirer, c’est « l’intelligence » de chaque forme larvaire. Chacune d’elles semble savoir exactement ce qu’elle doit faire. Elle ne se trompe jamais d’hôte. Et chez l’hôte, chaque larve connaît le chemin à prendre pour assurer la survie de son espèce. Nous pouvons allonger la liste des questions. Aucune ne trouvera de réponse dans le cadre de l’orthodoxie évolutionniste.
Il faut une très grande foi dans la théorie de l’évolution pour admettre les nombreuses hypothèses formulées pour expliquer l’évolution des organismes parasites à hôtes intermédiaires obligatoires, spécifiques. Par contre, l’explication du livre de la Genèse que le Créateur a tout créé le 5e et le 6e jour (Genèse 1.31, et 2.1) reste crédible et acceptable. Tous ces animaux et l’Homme ont commencé à exister en même temps.
Références bibliographiques
Beaumont, A. et P. Cassier, 1978.- Biologie animale. Des Protozoaires aux Métazoaires Épithélioneurions. Tome I. Éd. Dunod, Paris.
Binet, P., 1979.- Cours de Zoologie à l’usage des étudiants de première année de Pharmacie. Éd. Sedes-CDU réunis, Paris.
Grassé, P.P., R.A. Poisson et O. Tuzet, 1970.- Précis de Zoologie – Invertébrés. Éd. Masson, Paris.
Marche-Marchad, J., 1969.- Le monde animal en Afrique inter-tropicale. Éd. de l’École, Paris.
Tshibwabwa, S., 1987.- Schémas de Zoologie. Éd. Centre de Recherche Pédagogique, Kinshasa.
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